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Au Surinam: Suriname: Le navigateur autochtone, "ça marche vraiment!"

Group of people travelling up a river in a small boat.

Les témoignages au Surinam sur l’utilisation du NA dans le pays : « Ça marche vraiment ! »

Il y a quelques semaines, de mai à juin 2019, l’équipe de recherche a travaillé le long de la rivière Nickerie, dans les forêts intérieures du Suriname. Tapoeripa, Post Utrecht et Cupido sont de petits villages, habités en majorité par les Arawaks (ou Lokonos), peuple qui vie traditionnellement de la pêche, de la chasse, de la cueillette et de l’agriculture. Les questionnaires effectués dans l’ouest du Suriname ont identifié des enjeux transversaux qui avaient également été identifiés par les communautés locales dans d’autres régions.

L’outil Navigateur Autochtone a été déployé dans les communautés indigènes du Suriname. Afin d’utiliser ces outils, l’Association des Responsables de Villages Autochtones (VIDS pour Vereniging van Inheemse Dorpshoofden in Suriname) a traduit ces questionnaires en hollandais, la langue officielle, et formé nombre de jeunes enquêteurs des villages alentours pour présenter le Navigateur et faciliter les questionnaires. Les rencontres et les entrevues dans les villages sont principalement faites en Sranang Tongo, la langue véhiculaire du Suriname, ou dans une des langues indigènes parlées dans le village. L’équipe de recherche a déjà visité nombre de villages autochtones.

Il y a quelques semaines, de mai à juin 2019, l’équipe de recherche a travaillé le long de la rivière Nickerie, dans les forêts intérieures du Suriname. Tapoeripa, Post Utrecht et Cupido sont de petits villages, habités en majorité par les Arawaks (ou Lokonos), peuple qui vie traditionnellement de la pêche, de la chasse, de la cueillette et de l’agriculture. Les questionnaires effectués dans l’ouest du Suriname ont identifié des enjeux transversaux qui avaient également été identifiés par les communautés locales dans d’autres régions. Madame Bronne, de Post Utrecht, a déclaré :

 En tant qu’indigènes, nous ne nous considérons pas pauvres. Nous faisons des efforts et, quand on a quelque chose à manger chaque jour, on est en vie, on n’est pas pauvres. 

Two women sitting
Crédit photo : VIDS/Pauline France – Angela Marius, une enquêteuse locale, aide Madame Bronne à remplir son questionnaire à Post Utrecht.

Toutefois, la visite de l’équipe de recherche a déclenché de nouvelles discussions sur les défis contemporains qui pèsent sur un mode de vie traditionnel, comme l’impact profond du changement climatique :

« le dérèglement climatique impacte la pêche, la chasse, et l’agriculture. Les sécheresses répétées assèchent les ruisseaux et font mourir les poissons. Le gibier est aussi plus difficile à trouver car il faut aller le chercher plus loin dans la forêt. À cause du manque d’eau, les plantes deviennent plus petites et portent des fruits plus tard dans la saison. » - Johannes Sabajo, membre du conseil de village

Les informations fournies par les formateurs à propos des droits des peuples autochtones, ainsi que les questionnaires, ont mis en lumière certains des obstacles auxquels les communautés font face et aussi la déresponsabilisation et le manque de connaissance face aux nombreux aspects de leurs droits en tant que peuple indigène.

Les enquêtes révèlent que dans les villages du bord de la rivière Nickerie, la plupart des gens considère que le gouvernement reconnaît leurs droits collectifs puisqu’ils ne sont que très rarement dérangés par qui que ce soit sur leur territoire. D’un autre côté, plusieurs cas de problèmes avec une tierce partie ont été relevés à Tapoeripa. Par exemple, des chasseurs de Tapoeripa n’ont pas accès à un terrain de chasse particulier, faisant pourtant partie de leur territoire habituel.

« C’est parce que cette zone est revendiquée par un étranger qui la garde activement », a déclaré Roberto Hoop, un villageois. Les responsables du village ont dit ne pas vouloir entamer de procédure légale parce qu’ils ne connaissent pas la marche à suivre. « Si on avait eu connaissance de cette option, peut-être en aurait-on plus fait pour faire valoir nos droits. »

Les communautés ont indiqué être très heureuses de cette enquête car, souvent, elles ne considèrent pas ce genre de questions. Cela a mis en place un processus de réflexion sur leurs droits et la façon dont elles peuvent les faire valoir.

« Je suis heureux que vous fassiez ces enquêtes, parce que désormais nous savons ce qui est important pour nous. Après la présentation, j’ai compris que nous n’étions pas reconnus légalement en tant que peuple autochtone dans ce pays, mis à part le fait que nous sommes enregistrés au bureau des affaires civiles. J’ai commencé à réfléchir à ces questions seulement quand vous les avez posées ! » - Roberto Hoop, de Tapoeripa

Madame Sabajo, de Post Utrecht, a dit que quelque chose avait fait écho à ces réflexions durant la rencontre : « Après que vous (l’équipe de recherche NA) soyez partis, j’ai commencé à réfléchir aux questions que vous m’aviez demandées. Je me suis rendu compte qu’on ne pense pas vraiment à ces choses-là, alors qu’elles sont vraiment très importantes pour nous. Je vois les choses plus clairement désormais. »

Carla Madsian, la coordinatrice des projets NA pour la VIDS, confirme que l’approche de cette dernière dans l’implémentation des outils du Navigateur Autochtone est très efficace. Cela mène à un haut degré de réussite, notamment le fait que la VIDS conduise des réunions informatives dans les villages en amont, pour ensuite travailler avec les enquêteurs locaux afin de procéder à des entrevues individuelles ou groupées en utilisant les questionnaires. Il est ensuite possible pour les enquêteurs de rédiger une ébauche de rapport, puis de discuter de cette ébauche avec les villageois pour confirmer ou infirmer les conclusions. De cette manière, les bénéfices et l’impact sont importants à plusieurs échelons de la communauté, en n’utilisant le NA pas seulement comme un collecteur de données mais aussi comme un outil éducatif et de sensibilisation.

« On reçoit énormément de réponses positives parce qu’une fois les questions posées, les gens se mettent à réfléchir à ces problèmes. Cela fonctionne beaucoup mieux qu’une simple brochure qu’on donnerait à lire aux communautés. L’impact est plus fort qu’avec d’autres types d’approche. La sensibilisation à ces questions est bien plus importante qu’auparavant. » – Carla Madsian, coordinatrice des projets NA pour la VIDS

Dans les villages, cette approche déclenche des débats et un raisonnement critique quant au niveau du respect de leurs droits et de l’accès aux services publiques.

Cette pratique s’est aussi montrée efficace pour l’équipe de jeunes formateurs entraînée par la VIDS dans le but de faire partager leur connaissance et approfondir l’enquête dans les villages autochtones dans le cadre du projet NA. La formation puis le travail sur le terrain dans les communautés ont été une excellente expérience d’apprentissage jusqu’ici.

Idris Fredison, formateur-enquêteur communautaire :

« Pendant la formation, la connexion entre les ODD et les droits de l’homme m’est apparue clairement. Au fur et à mesure, j’ai réalisé progressivement que les résultats des recherches peuvent être utilisés de nombreuses façons par les villages eux-mêmes. Les villageois ont vraiment apprécié que l’équipe, au travers des questionnaires, soit venue pour collecter des informations mais aussi les informer sur leurs droits, de manière personnelle. Les gens ont ressenti que des changements pouvaient vraiment se produire dans leur communauté. Tous les villages et tous les participants étaient très positifs quant à la première phase du projet. »

Channa Kiba, formateur-enquêteur communautaire :

 « J’ai appris que nous, les autochtones, voyons la vie d’une manière différente par rapport aux autres. Expliquer et travailler pour le NA m’a appris les droits auxquels nous pouvons prétendre. Mais il n’y a pas beaucoup d’intérêt pour ceux-ci dans ce pays, ce qui fait que nos peuples sont abusés et exploités. »

Group of people filling in surveys, seated

Melissa Daniëls, une enquêtrice locale, et Idris Fredison, un enquêteur et formateur communautaire, remplissent le questionnaire NA avec Madame Jubitana-Karta, membre du conseil du village de Cupido. « C’est un petit village et comme il y a peu d’enfants, le gouvernement ne nous fournit pas de bateau pour aller à l’école. C’est pourquoi de nombreuses familles déménagent à Wagenigen. »

Group of people travelling up a river in a small boat.

Traversée de la rivière Nickerie. Post Utrecht est juste en face de Wageningen, une ville de l’ouest du Suriname. Les villages de Post Utrecht, Cupido et Tapoeripa ne sont accessibles qu’en bateau.

 

Two people sitting, conducting surveys

Melissa Daniëls, une enquêtrice locale, remplit le questionnaire NA avec le chef du village de Cupido. « Nous avons des soucis avec les braconniers qui viennent chasser la faune sauvage et les oiseaux sur notre territoire. »

Le projet est financé par la Commission européenne - Développement et coopération - EuropeAid, canalisé par le Forest Peoples Programme (FPP) exécuté par VIDS au Suriname dans le cadre de l'Navigateur Autochtone.

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