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Suriname: Qu’est-ce que cela signifie de faire partie Navigateur Autochtone?

Men demarcate indigenous land

Au Suriname, le Navigateur Autochtone est coordonné par Vereniging van Inheemse Dorpshoofden in Suriname (Association des chefs de village indigènes au Suriname - VIDS), une association de chefs de village représentant les peuples autochtones du Suriname. VIDS a mis en place le Navigateur Autochtone dès la phase pilote initiale, en 2014.

Comme l’explique le coordinateur du projet de VIDS, l’utilisation du dispositif et des outils a nécessité un certain nombre de lectures et d’études préalables afin de comprendre le projet. C’était et c’est toujours un défi de traduire les informations concernant les droits des peuples autochtones, les ODD et les questionnaires, de leurs cadres juridiques internationaux à un langage que les villageois peuvent comprendre et avec lequel ils peuvent s’engager pleinement. Il ne s’agit pas simplement de les traduire de l’anglais au néerlandais ou dans une langue autochtone, mais aussi d’utiliser des mots et se référer à un contexte auxquels les communautés peuvent s’identifier et qu’elles trouvent familiers. Le langage et l’interprétation spécifiques au contexte ont été essentiels.

Personnellement, et au sein des communautés autochtones, c’est une démarche d’apprentissage et de sensibilisation aux droits des autochtones. Avoir une plateforme où nos voix peuvent être entendues donne l’espoir que quelqu’un nous écoute 
et que cela renforcera notre lutte pour la justice et pour la reconnaissance et le respect de nos droits en tant que peuples autochtones.
- COORDINATEUR DU PROJET DE VIDS

Au Suriname, le Navigateur Autochtone a beaucoup contribué à la sensibilisation aux droits des peuples autochtones. Le fait de participer aux activités du Navigateur Autochtone a été une révélation pour de nombreuses populations autochtones qui, en répondant au questionnaire communautaire, ont appris qu’elles avaient des droits reconnus par le droit international. De nombreuses communautés ont appris sur leurs droits d’une manière aussi approfondie pour la première fois, et l’expérience de la mise en œuvre des outils et du cadre du Navigateur Autochtone a éveillé leur intérêt à en savoir plus. 


Le coordinateur du projet au Suriname exprime à quel point c’était important : “C’est souvent la première fois que les membres de la communauté parlaient de leur situation de cette manière, en répondant aux questions et en discutant des résultats. C’était une occasion unique pour eux de faire le lien entre leur vie quotidienne et leurs droits en tant qu’êtres humains et en tant que peuples autochtones”. Cependant, la prise de conscience de leurs droits n’a pas automatiquement entraîné une augmentation de leurs demandes auprès de l’État.

D’après son expérience, le coordinateur a expliqué qu’”il est difficile pour les non autochtones de comprendre et de respecter réellement les droits des peuples autochtones, quelle que soit la quantité d’informations qu’ils reçoivent”. L’utilisation du dispositif du Navigateur Autochtone a permis à VIDS d’organiser des discussions structurelles basées sur des données qui sont très importantes pour changer les mentalités et, espérons-le, les comportements. La défense des droits fondée sur des données probantes est un outil puissant, non seulement pour revendiquer des droits, mais aussi pour développer une compréhension de ces droits pour les communautés et de la manière dont ils peuvent être utilisés pour favoriser un développement autodéterminé. 


Les projets pilotes se sont distingués pour les communautés qui ont mis en œuvre le Navigateur Autochtone au Suriname.

Ce qui a vraiment fonctionné pour les gens et les communautés, pour les villages, et qui a rendu ces communautés encore plus enthousiastes à l’idée de participer au projet du Navigateur Autochtone, c’est l’approche unique des projets pilotes.
 
VIDS

Le Navigateur Autochtone a bouclé la boucle, non seulement en collectant et en analysant les données, mais en permettant aussi aux communautés de mettre en œuvre des projets communautaires visant à répondre aux conclusions dressées. Cela diffère fortement de leurs expériences précédentes, avec les chercheurs et les acteurs du développement, qui se rendaient souvent sur place pour réaliser ou mettre en œuvre un projet ou une recherche externe, mais qui n’en partageaient pas les résultats.

Le coordinateur du projet VIDS a insisté sur le fait que “ces dernières années, pas seulement des années, mais des décennies, tant de gens sont venus dans les villages, vous savez, dans ces différents villages pour conduire leurs recherches. Certains viennent pour faire leurs études, d’autres viennent en disant qu’ils feront un projet avec la communauté”. (...) “Mais, dans ces cas-là, dans ces expériences passées, [les communautés], elles n’en ont jamais vu un bon retour.” Il y a un sentiment certain de lassitude face à la recherche, d’être utilisé par des étrangers pour leurs travaux sans aucun impact ni retour, sans réciprocité pour eux et pour leurs familles. “Ils sont donc fatigués de voir des gens venir au village et demander de faire de la recherche... quand vous le leur demandez, la première chose qu’ils vous répondent, c’est ‘à quoi ça va me servir ?’ Ce n’est pas égoïste, ni égocentrique, c’est une réaction à la manière dont les chercheurs les ont utilisé par le passé - et c’est là que le Navigateur Autochtone est vraiment différent. D’abord parce que ce sont les autorités villageoises elles-mêmes qui sont à l’origine de ce projet, et ensuite parce que, grâce aux projets pilotes, les communautés ont recueilli les données et se les sont appropriées. C’était les leurs, et en effectuant leur analyse, elles ont pu voir clairement leurs enjeux et décider elles-mêmes des projets prioritaires qu’elles allaient développer et proposer.


Cela ne veut pas dire qu’ils n’ont jamais fait de projets auparavant, beaucoup de gens viennent là et ont un projet, et ils disent “ils veulent aider les villages, et ils développent un projet, mais c’est le leur, leur projet, pas celui des communautés. Bien sûr, certains villageois peuvent aider, mais ce que cela signifie réellement, c’est que ce sont les villageois qui travaillent et les étrangers qui reçoivent. Donc, dans ce cas, c’est différent. Et la communauté ressent cette différence, elle le sait. Ces projets appartiennent vraiment à la communauté”. - dit le coordinateur du VIDS pour le programme du Navigateur Autochtone au Suriname.

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